Vous avez fait un burn out. C’est derrière vous, ou presque. En tous les cas, vous vous projetez sur l’avenir. Vous regardez les offres d’emploi, postulez.
Bientôt arrivera le moment de l’entretien d’embauche. Parmi toutes les questions que le recruteur pourrait vous poser, certaines concerneront sans doute cette période où vous avez cessé votre activité. Que s’est-il passé ? Pourquoi avez-vous quitté votre poste ? Comment vous projetez-vous dans la suite de votre parcours ? Savez-vous dire non ? Parlez-moi d’une situation difficile que vous avez rencontrée…
Autant de questions classiques, simples pour certains, bien plus compliquées pour tous ceux qui ont dû faire face à un burn out.
Pour pouvoir répondre à ces questions, il faut bien évidemment préparer des arguments. Mais les mots les plus pertinents ne serviront à rien si votre discours ne permet pas de saisir votre apaisement, votre prise de recul et votre apprentissage de cette épreuve. Alors il est nécessaire de vous poser les bonnes questions pour avoir les bonnes réponses. C’est essentiel pour vous avant toute chose.
4 questions essentielles à vous poser pour avancer définitivement
1- Pourquoi avez-vous fait un burn out ?
Vous avez du recul à présent : prenez de la hauteur sur ce qui vous est arrivé, positionnez-vous en observateur, repassez-vous le film pour trouver les causes et remontez le fil jusqu’à percevoir comment tout a commencé.
Avez-vous travaillé au-delà du nombre d’heures prévu ? Et cela de manière répétée, voire habituelle ? Avez-vous accusé certaines remarques, pressions morales de votre entourage professionnel ? Avez-vous perdu pied au point de ne plus rien maîtriser de ce qui vous arrivait ? Rentriez-vous épuisé, vidé de toute énergie ? Aviez-vous l’envie persistante de vous échapper de cette situation sans trouver le moyen d’y parvenir ? Avez-vous été au-delà de vos limites ? Pour quoi ? Pour qui ?
2- Quels sont les signes que vous avez perçus mais n’avez pas écouté ?
Avant de s’effondrer, le corps envoie des signaux, des messages d’alerte. Il prévient, sous des formes bien différentes. C’est le moment d’être honnête avec vous-même, d’observer ce qui s’est passé non pas avec le regard de la honte mais avec celui de la détermination car vous avez le droit de ne pas être infaillible mais aussi d’aller mieux et d’être heureux.
Parmi ces symptômes du burn out, lesquels ont été les vôtres :
troubles du sommeil : vous vous réveillez et pensez encore au travail, à ce que vous avez à faire, à ce que vous pourriez faire, à ce que vous avez oublié
travail supplémentaire : premier arrivé, dernier parti, c’est tout vous. Sans oublier les week-end, car comme vous avez du temps, vous pouvez en consacrer un peu au travail
isolement progressif : vous n’avez « pas le temps ». Conséquence : vous voyez moins vos amis et votre famille. Quant aux loisirs, ce sera pour plus tard.
malade de plus en plus souvent : les virus, microbes, maladies saisonnières font de plus en plus partie de votre quotidien, comme si votre système immunitaire était moins robuste
pertes de mémoire et problèmes de concentration : vous avez tellement de choses à l’esprit que vous avez parfois l’impression que ça s’emmêle. Peut-être même vous êtes-vous parfois étonné d’oublier des choses importantes. Ça ne vous ressemble pas !
fatigue et épuisement : nuits courtes, décousues, réveil matinal, difficultés à vous endormir, journées de travail à rallonge… tout cela laisse des traces, pèse, puise dans les réserves d’énergie. Vous avez tenu malgré tout. Jusqu’au jour où ça n’a plus fonctionné.
sautes d’humeur : vous êtes-vous senti irritable, avez-vous réagi plus vivement dans certaines situations ? Avez-vous eu plus de mal à temporiser ? Peut-être même avez-vous été surpris de votre propre réaction…
perte d’appétit : pas l’envie, vous ni prenez plus de plaisir, ni à manger, ni à cuisiner. Pas le temps: vous pourriez avancer sur un dossier plutôt que de vous arrêter une heure pour un repas qui peut être consommé en 10 minutes.
3- Que devez-vous éviter à tout prix et comment y parvenir ?
Maintenant que vous y voyez plus clair sur ce qui s’est passé et comment ça s’est manifesté, il ne faut surtout pas s’arrêter en si bon chemin. Cette expérience doit vous servir. Vous devez apprendre d’elle pour ne plus la reproduire. Et pour cela, rien de tel que de poser un cadre avec des limites à ne pas franchir. Et de se demander quelles bonnes pratiques vous pourriez instaurer, vous imposer à vous-même pour tenir ces engagements, gage de votre bonne santé et de votre sérénité.
Pour éviter que le travail ne prenne de plus en plus de place, jusqu’à vous envahir :
👉 laissez le travail au travail : une fois chez vous, il est temps de passer à autre chose. Et pour éviter que votre esprit ne vous y ramène, donnez-lui d’autres occupations et sujets de réflexion. Des choses agréables de préférence. Vous pouvez par exemple appeler un ami, votre famille, planifier votre week-end, vos vacances ou encore dévorer une série.
👉 portez un regard réaliste et juste sur votre charge de travail : n’y a-t-il pas un décalage entre votre fiche de poste et vos activités ? Toutes dépendent-elles de vous ou peuvent-elles être déléguées ? Si certaines ne sont pas faites dans l’immédiat, les conséquences sont-elles si dramatiques ? L’urgence est-elle réelle ou finalement est-ce plutôt votre volonté d’être sur tous les fronts qui vous pousse à terminer toutes ces tâches au plus vite ?
👉 définissez les lignes rouges à ne plus jamais franchir : l’heure maximale à laquelle vous devez impérativement quitter le travail, les services que vous ne rendrez plus si votre temps ne vous le permet pas, les comportements nuisibles à votre égard que vous ne tolèrerez plus, les appels professionnels auxquels vous ne répondrez plus une fois chez vous… Ecrivez-les et laissez-les visibles autant que nécessaire pour ne pas les oublier.
👉 trouvez votre rythme : travailler sans discontinuer n’est pas un gage de performance. Des pauses permettront à votre esprit et votre corps de décompresser et d’être plus productifs ensuite. 5 minutes dans la matinée et l’après-midi peuvent vous faire le plus grand bien sans réduire considérablement votre temps de travail.
👉 utilisez la pause déjeuner à bon escient : ce n’est pas un moment pour réaliser ce que vous n’avez pas eu le temps de faire. Cette pause est fondamentale pour vous, votre corps et votre bien-être. C’est un temps pour vous. Pour manger et reprendre des forces. Discuter avec les collègues. Faire un coucou à votre famille ou vos amis. Regarder une vidéo amusante. Lire un article intéressant. Fermer les yeux le temps d’une micro-sieste… Les idées sont aussi nombreuses que les personnalités et les humeurs. A vous de faire de la pause méridienne un moment ressourçant et redynamisant duquel vous pourrez revenir avec le sourire et le sentiment d’être de nouveau en forme.
👉 rappelez-vous que le travail ne représente pas 100% de votre vie : il y a vous, vos loisirs, votre entourage, vos passions, vos rêves, vos moments de détente, vos moments de relâche et tout ce que vous avez à gérer dans la sphère privée. Tous ces moments sont importants pour vous. Alors, pour être sûr de ne pas passer à côté, programmez-les. Chaque semaine doit être l’occasion de voir ou d’appeler un ami, de pratiquer un loisir, de tenir votre objectif de vous remettre au sport, de manger sainement, de prendre du temps pour vous.
4- De quoi avez-vous envie à présent ?
Vous sentir mieux au travail, voire même vous épanouir professionnellement, passe nécessairement par des conditions de travail qui vous correspondent. Le lieu, la culture d’entreprise, ses engagements, ses valeurs, le salaire, le rythme de travail, la récupération des heures supplémentaires, la confiance, le respect, les perspectives d’évolution… sont autant de critères à penser en amont.
Définissez tout ce qui vous est nécessaire pour vous sentir bien dans votre emploi à venir.
De cette manière, vous vous positionnerez sur des offres en adéquation avec vous, vos envies et vos besoins. Vous n’irez pas à l’encontre de vous-même. Vous vous écouterez. Et ainsi vous n’évoluerez que plus sereinement et durablement dans votre futur emploi.
Passer par toute cette réflexion, cette analyse est essentiel pour la suite. Pour vous mais aussi pour l’entretien.
Grâce à cette prise de recul, vous saurez définir clairement ce que vous voulez aujourd’hui, pourquoi vous vous êtes positionné sur cette offre, dans cette entreprise et la manière dont vous vous projetez sur la suite de votre parcours.
Vous serez aussi à même d’expliquer, si besoin est, comment vous avez évolué, ce que votre parcours vous a appris et ce qui ne vous correspond plus aujourd’hui.
A présent, vous avancez avec une conscience redéfinie de vos objectifs, de vos limites, vous saurez faire ce qui vous revient sans aller dans l’excès d’autrefois : c’est avantageux pour vous mais aussi pour l’entreprise.
Quels mots pour parler de votre burn out en entretien ?
Le burn out est souvent défini comme un épuisement professionnel. C’est ce qui vous est arrivé. L’assumer, le dire clairement et simplement, c’est déjà montrer que vous regardez les choses en face, que vous avez la capacité de les affronter et de les dépasser.
Cette situation, dépassée à présent, vous avez su en tirer des apprentissages
✔️ vos limites
✔️ vos nouvelles bonnes pratiques
✔️ votre capacité à vous arrêter à temps aujourd’hui car vous reconnaissez et écoutez les signaux d’alerte
✔️ votre lecture de la situation pour ne plus suivre le même chemin
✔️ votre redéfinition de vous-même en tant que professionnel
✔️ votre rythme, régulé et équilibré
✔️ votre regard sur la suite, apaisé car éclairé
Votre situation, étape par étape, et sans entrer dans les détails
1- vous avez été en situation d’épuisement professionnel
2- vous avez dû vous arrêter pour prendre soin de vous et revenir avec toutes les forces nécessaires
3- vous avez mis à profit ce temps pour réfléchir, prendre du recul
4- vous avez analysé et compris ce qui s’est passé
5- vous avez défini comment travailler sans risquer le dépassement de vos limites à l’avenir, notamment par la mise en place de bonnes pratiques, telles que…
6- cette épreuve fait désormais partie du passé
7- vous regardez vers l’avenir
8- vous êtes prêt
9- vous avez aujourd’hui l’énergie et l’envie de vous remobiliser sur…
10- vos compétences sont toujours là
On ne peut pas revenir sur ce qui est fait. En revanche, on peut agir sur ce qui arrive. La santé n’est pas un acquis, c’est un bien précieux et fondamental. Préservez-la. Préservez-vous. Soyez fier des obstacles dépassés. Et laissez-vous la possibilité de vivre avec enthousiasme tout ce qui vous attend encore et que vous ne soupçonnez pas aujourd’hui. Vous le méritez 😉
Ptisham